Activité collective : atelier d’écriture n.2
Théâtre Ouvert est un lieu de création. De nombreux jeunes dramaturges y sont passés, y ont écrit et créé des pièces. Il vous est proposé pour cet atelier de vous inspirer du lieu pour écrire. Pour cela, tentez de décrire un lieu qui serait selon vous le lieu parfait pour écrire.
L’autrice Anne Savelli a créé le mot oloés pour désigner un lieu où l’on écrit. En voici un extrait qui peut vous aider : Texte d’Anne Savelli
Textes écrits
Mon lieu idéal pour écrire pour moi est dans mon lit avec un pot de pâte à tartiner et du jus d’orange. Actuellement j’ai faim et je suis fatiguée et je n’ai aucune inspiration pour écrire quoi que ce soit. Mais dans mon lit au chaud je sais que je pourrais imaginer beaucoup plus de trucs et avoir potentiellement envie d’écrire, ailleurs moins.
Mon endroit idéal pour écrire serait dans la nature, au printemps ou en été, en plein après midi ou en début de soirée. À la campagne, à l’ombre d’un arbre, près d’un lac ou d’un étang où barboterait des canards. Un endroit éloigné de la ville, calme et sans trop de monde, où l’ont entend les canards et les oiseaux chanter.
Le soleil de fin de journée tape sur ma joue. Chaleur de fin d’été. Je sens les graviers sous la plante de mes pieds et la nappe brodée sous mon coude. Dans mes oreilles le son du vent sur les arbres, les cigales qui chantent et l’herbe du pré voisin qui bruisse. Au loin, des voix, le chien aboie et court dans un éclat lointain, des rires dans la maison.
Dans une maison en briques, une toiture un peu abimée, un jardin qui abrite un potager et des poules dans l’abri à quelques mètres de moi. Perdue dans les Mont du lyonnais au milieu des villages de pierres dorées. Une maison qui accueille des rires d’enfants, des cris de joie, des pleurs, des jeux et des malheurs. Plusieurs générations y sont passées, à mon tour maintenant.
Le soleil s’est couché, les pages de mon carnet noircies. Chaleur douce d’une nuit d’été, je sens la brise de la fin de journée. J’entend les voix dans la cuisine, les discussions qui s’éternisent à la lueur des bougies à la citronnelle.
C’est dans cette maison que j’écris, bercée par la douceur d’une nuit d’été, la musique de mes souvenirs chante à mes oreilles.
L’endroit idéal pour écrire n’existe nulle part, du moins si j’ai les yeux ouverts. Ecrire, c’est passer de l’idée au concret, de l’idéal à la réalisation. Ecrire, c’est afficher devant mes yeux les idées que je préfèrerais cacher. Il n’y a pas d’endroit idéal pour écrire car au fil de l’écriture, mes yeux lisent et relisent, repassent encore et encore sur les lignes, modifient et détournent tout ce qui n’était purement qu’idée auparavant.
L’endroit idéal pour écrire, c’est celui qui, libéré de tous jugements, peut se permettre de retranscrire l’idée, rien que l’idée. Celle qui aurait pu être novatrice, mais n’est plus qu’imitatrice. Celle qui aurait pu rendre le non-dit, inédit. Celle qui inonde l’esprit et ne demande qu’à briser les barrages.
L’endroit idéal pour écrire, c’est l’endroit où j’ai décidé d’écrire ce texte, sur scène. L’endroit où le jugement n’a plus de valeur, pas même le mien. Car oui, même sur scène on écrit, on écrit la vie d’un personnage, on écrit l’histoire, on marque les esprits, on invente des horizons. Ni barrières, ni voix intérieures, ni jugements, ni pensées limitantes. Rien que l’idée à son état naturel. Sur scène, j’ai confiance en mon idée, et l’encre peut s’écouler librement. En dehors, mes yeux se posent et l’encre se transforme en larmes.
L’endroit idéal pour écrire, c’est là où je peux me permettre de fermer les yeux, sur scène.
Le lieu idéal pour écrire ?
Le théâtre Ouvert semble être un lieu où les inspirations se renouvellent justement par son ouverture. Que ce soit au public des spectacles, aux auteurs, aux gens qui viennent prendre un café en travaillant. Mais aussi ouvert aux idées nouvelles et aux sensibilités inédites. En cela l’atmosphère d’écriture se débarrasse de la barrière de l’art légitimite, de l’art qui a déjà été légitimé par son succès auprès du public. Alors plus besoin de se conformer pour rencontrer un public, mais seulement de se concentrer sur la création.
Pourtant comment se concentrer avec une telle stimulation intellectuelle et humaine ? Et bien je pense que la réponse se trouve dans la sobriété qu’on reproche au Théâtre ouvert. Les auteurs sont alors là pour donner des couleurs à ces murs gris.
Mon lieu idéal pour écrire est grand, il respire la joie et la créativité : il respire l’art.
C’est un lieu où l’on peut partager, se rencontrer, échanger nos idées et se soutenir.
Un lieu où je ne suis pas la seule à écrire et où je pourrai regarder les avancées des personnes avec lesquelles je suis.
Un grand espace ouvert, avec du café et de la verdure pour se ressourcer et pouvoir avancer.
Il est loin des angoisses du quotidien et du stress du travail, je pourrai me concentrer simplement sur ce qui me plaît, ce que j’ai réellement envie d’écrire.
C’est un lieu inclusif, où toustes sont accepté.es tel qu’iels sont et peuvent s’exprimer, s’affirmer.
Où les idées font avancer et permettent de faire ressortir le meilleur.
Tuto pour fabriquer un lieu pour écrire :
- avoir de la bonne compagnie
- Être seul.e
- Avoir un espace à soi et aux autres
- Avoir un stylo qui marche
- Avoir une plume si on est rétro
- Avoir du silence pour s’entendre
- Avoir du bruit et de la musique pour noyer les pensés et anesthésier l’angoisse de la page blanche
- Avoir des pages blanches
- Avoir de l’ouverture (d’esprit et de lieu)
- Être entouré de nature et de vivant pour puiser l’inspiration
- Avoir une salle vide pour matérialiser l’abstrait
- Avoir du confort pour ne se soucier plus que de l’esthétique de son texte
- N’avoir plus rien pour ressentir dans ses entrailles le manque et retranscrire le plus précisément les maux de l’humanité
- Avoir du café
- Avoir une chaise et éventuellement une table
- Être entouré d’artistes
- Être entouré de traders pour de rendre compte à quel point on est vachement plus fun et créatif.ve qu’eux
- Pouvoir fermer une porte
- Peut-être avoir un public pour entendre ce qu’on vient d’écrire
- Avoir un toit pour éviter de mouiller le papier quand il pleut
Mon lieu idéal pour écrire est dans cette chambre d’enfant, au papier peint déchiré et au parquet toujours chaud, toujours recouvert de jouets et de livres. Prêt de ce lit superposé, qui a connu autant de rires et de bons moments que de graves accidents, celui qu’on transformait à la première occasion: en cabane, en bâteau, en vaisseau spatial. Avec cette radio, qui jouait les tubes pour en enfant en boucle, eux qui n’avaient plus aucun secret pour nous. Je pourrai même vous parler de l’interrupteur de la lumière, dont ma soeur m’a souvent caché l’existence, me faisant croire qu’elle contrôlait la lampe de la chambre avec ses pouvoirs magiques. Lorsque je m’imagine écrire, c’est sur mon bureau d’enfant que je le vois, car c’est ici que sont nées les plus belles histoires.
Je sais pas j’écris pas.
A part dans mon lit le soir quand il faut dormir.
Pour moi le moment parfait pour écrire, c’est quand il ne faut pas. Quand je me réserve un moment et que je me pose devant mon ordi, rien ne vient. Je ne contrôle pas le moment où l’inspiration arrive donc je ne contrôle pas le lieux non plus.
Je suis plus à la recherche du moment parfait que du lieu parfait.
Et pour moi le moment parfait pour écrire serait un moment en dehors du temps, un moment qui mettrait la vie en pause, qui ne me ferait pas perdre du temps de sommeil ni rater mon arrêt de bus. Ce serait un moment que je ne culpabiliserai pas à prendre, un moment où je ne forcerai pas à être productif. Ce serait un moment qui n’existe pas, c’est pour ça que je n’écris pas.
Paradoxal
Le lieu idéal n’en est pas un, il est trop laid pas assez noble, celui qu’on oublie ou qu’on dépeint comme le lieu raté que l’on déplore
L’allégorie du manque de pot il est bien éloigné de sciences po
Là où les peaux ne sont pas blanches
A Leur visage si pâles quand on l’évoque
Cité HLM moi c’est eux que j’aime
Si tu me demande mon idéal,
Je te dirais que les logements de la haine, moi c’est la bas qu’jme sens humaine
Mon lieu idéal n’est pas celui du metteur en Seine, un peu trop algérienne pour que le terme ne résonne pas comme octobre 61
Je sais que le discours a un impact, mais le bruit de la ville l’étouffe,
Alors, J’écrirais mon ideal quand bidonville ne sera plus théâtre d’un spectacle de morts vivants ou de vivants laissés pour morts
A vrai dire, je n’ai jamais trouvé de lieu parfait pour écrire. Peu m’importe l’assise, la boisson ou la saison. C’est mon casque fidèle qui m’accompagne dans toutes mes aventures littéraires vagabondes. C’est lui qui dicte ce que mon carnet va recevoir sur ses pages. Mon stylo glisse à la pulsation de la chanson: bossa nova, vieux rock, et opéra m’emportent .
A vrai dire, ç’est la musique qui me guide et impose son rythme, ses thèmes et sa poésie.
Alors que je suis dans un élan créateur, les mélodies se taisent brutalement, mon lieu saint disparaît et mon stylo tombe de mes mains, laissant mes doigts déformés par la forme.
Un monde vient de s’écrouler, mon lieu secret vient de perdre son compositeur.
Il fait beau, doux, chaud mais pas trop.
On est dans le sud, le soleil me caresse la peau
et le bruit répétitif des vagues me berce.
Je dois écrire pas m’endormir.
La plage est vide, un petit chat vient me dire bonjour.
J’ai un petit carnet et mon stylo préféré.
Les mots commencent à s’écrire, au gré de mes pensées.
C’est à côté d’un feu ou au bord d’une fenêtre sans prétention que je me sens le plus accueilli pour écrire. Car un lieu qui permet l’écriture, c’est d’abord pour moi un lieu d’accueil, chaleureux et authentique. C’est aussi un lieu posé, où je ne suis pas regardé par le monde, et ou je ne peux pas trop regarder le monde d’ailleurs, comme ça, je n’ai que mon imagination à regarder en face. En fait je ne peux pas vraiment décrire avec précision de lieu idéal pour écrire, parce qu’à chaque fois que je l’ai fait, que je me suis dit que sur ce rocher, à cette table en bois ou dans ce train à grande vitesse les idées et le confort viendraient, j’étais trop obstrué par mes attentes pour véritablement écrire quelque chose. Et aussi, peut être que je dois déconstruire l’idée d’écriture pour écrire. Et ne pas avoir de lieu idéal, c’est précisément deconstruire l’idée qui m’empêche décrire, à savoir qu’il y aurait des conditions, des moments et des endroits où l’écriture viendrait. Alors qu’au fil des déceptions d’écriture, j’ai au moins appris que c’était toujours au moment où je ne m’y attendais pas que j’arrivais à écrire. Et puis arriver à écrire, ça ne veut pas dire grand chose. Ça veut juste dire se permettre de se projeter en train d’écrire un truc intéressant. Et donc ça veut aussi dire avoir les conditions qui nous permettent d’être intéressant, d’être entendu, d’avoir un regard sur ce qu’on écrit. Enfin bref, un lieu idéal pour écrire, vaste question sans réponse, sinon la conviction qu’un lieu qui me permettra d’écrire, sera celui où je ne me sentirai pas obligé et regardé, par les autres et par moi même.
L’envie d’écrire part bien souvent d’un lieu, mais écrire peut également relever d’un besoin d’une contrainte, étudiant en plein mémoire à peine commencé, écrivain convaincu maudit mais perdu ou journaliste blogueur incompris.
Rédiger chez soi dans son fabuleux bordel ou pompeux havre de paix peut provoquer tentation à la distraction ou pharamineuses émulations.
Le meilleur lieu pour votre histoire sera celui qui collera le plus avec votre histoire certains diront, et celui avec lequel vous vous sentirez le plus à l’aise. D’autres préfèrent s’immerger dans un lieu hostile bruyant, glacé et grouillant de gens comme mme Savelli, ou sur une terrasse d’un café concept store recyclerie librairie laverie boulangerie friperie au café chaud équitable et bio mais un poil trop bobo.
Fort d’une sensibilité à l’historicité des lieux et au fait qu’on peut découvrir en eux, si on sait bien les déchiffrer on pourra aisément s’en trouver inspiré, des histoires qui sont là de façon latente. L’idéal est à chaque fois de chercher à déchiffrer les lieux, de les lire et de mettre au jour le récit qui est enfoui en eux.
À l’écart, les îles semblent offrir un havre et un lieu d’inspiration idéal pour l’écrivain, îles matérielles ou artificielles pourvues qu’elles soient une parcelle éloignée de toute tutelle et emprise contact avec le réel. Mais ce « splendide isolement » existe-t-il ou n’est-ce qu’un fantasme littéraire ?
Là où le silence effleure l’âme,
Où le temps suspend son doux drame,
Dans un coin secret, un coin de paix,
Là naissent les mots, doux et parfaits.
Sous la lueur d’une lampe douce,
Où la plume glisse et s’épanouit,
Le vent, complice, effleure et pousse,
Les pensées qui naissent dans la nuit.
Un bureau vieux, en bois usé,
Où chaque objet semble inspiré,
La fenêtre ouverte sur l’infini,
Là où le ciel et l’encre s’unissent.
Un fauteuil confortable et discret,
Où le corps se pose, sans regret,
Et dans l’ombre, les mots s’échappent,
Là où l’esprit, enfin, s’échappe.
L’endroit idéal pour écrire, c’est ce lieu,
Où l’on trouve l’âme, et non les yeux,
Là où la plume trouve sa place,
Dans un monde où l’écriture enlace.
— Et toi Sarah, t’attends quoi pour écrire, que le vélib passe devant tes yeux et te donne soudainement l’inspiration ?
— Non, j’avais besoin de respirer l’air doux et épuré de Paris. En vérité, l’air de Bretagne me manque, tu ne te souviens pas comme on a été productives cet été?
— Et toi Esther, tu écris sur quoi ? Elle m’entend pas, elle écoute de la musique.
— Et toi alors, t’écris dans quel air?
— Dans mon lit, pas sur mon lit, dans le fond caverneux et renfermé, sans possibilités de se défaire des draps, le fond bien chaud et déprimant d’une journée de plus à ne pas s’être échappée de la facilité. Dans le lieu où tant d’autres ont écrit, ce lieu commun et pourtant si peu partagé. C’est celui que j’ai hâte de retrouver, mais que je hais dans l’appréhension qu’il ne me laisse le quitter. Mon lit qui m’accueille dans n’importe lequel de mes états: affreuse, pleureuse ou encore amoureuse.
Mon lieux idéal pour [toi pour] écrire
Je l’ai construit pour toi,
avec une petite table en bois,
écaillée puis repeinte en vert
vert olive, naturellement.
Tu t’y penches,
sur l’office, un rond, imprimé dans la matière
par la chaleur de ta tasse de café.
Tu ouvres doucement les yeux.
Il contient tes livres favoris
que tu as éparpillée, empilés,
des piles mal rangés,
tombés des étagères répandus sur le sol.
Des affiches sur les murs,
tu les as conçues.
Des échardes dans le plancher, des miettes, des bouts de toiles,
notre lieu a vécu.
Je l’ai choisi près de la mer,
Façade sud pour qu’elle t’éclaire
La fenêtre [normalement il fait beau, avec des rayons de soleil c’est encore plus beau]
Surplombée de drapeaux, les couleurs parades
Ils rappellent nos escapades,
J’aimerais qu’il rassemble,
Je l’espère,
Moi je ne sais pas écrire mais j’aime écouter
Tu m’éblouis et je devient ta foule
Ton encre sur le papier coule [T’es belle]
Je me lève à l’aube, pour ouvrir la taverne
Je veux préparer en premier, ton café soluble
Pour le matin dissiper ce trouble
Aérer l’espace, sinon on s’aplatit
Te tirer au bureau, te forcer à parler
Tu as des choses à dire, encore tant de choses dans la tête
Tu pourrais peut-être les écrire ?
Certains requins sont soyeux apparemment
Lorsque le soleil se couche, que les rues se vident et que le monde semble s ’arrêter, mes idées fusent et l ’envie d ’écrire me gagne. Il n ’est pas, je le pense, d ’endroit idéal pour écrire, il est des moments. Un temps où autour d ’un café, les discussions des clients inspirent, où les enfants qui jouent à la plage donnent envie de penser à autre chose, où la musique qui passe à la radio donne envie de soi-même créer. Oui, une villa vue sur mer à Porto-Vecchio ou un grand appartement haussmanien rendent le confort plus grand. Mais qu’il y ait une piscine à débordement ou un large secrétaire, qu’one ne se trompe pas la création ne s’achète pas.